Assassinat du journaliste Martinez Zogo au Cameroun: Un crime odieux, plus jamais ça !
Après une année 2022 particulièrement sombre pour les journalistes un peu partout en Afrique harcelés, brimés, arrêtés; l’année 2023 s’ouvre avec une note odieuse.
Le journaliste camerounais Martinez Zogo a été retrouvé mort le dimanche 22 janvier 2023. Le directeur général de la radio AMPLITUDE FM, avait été enlevé le mardi 17 janvier 2023, devant un poste de gendarmerie, à Yaoundé.
Martinez Zogo animait tous les jours une émission à forte audience du nom de “Embouteillage” et y faisait des dénonciations sur la conduite des affaires de la cité. À l’antenne, ce journaliste engagé abordait régulièrement des affaires de corruption, n’hésitant pas à mettre en cause nommément des personnalités importantes.
Ce crime ignoble pose à nouveau le débat sur le non-respect de la liberté d’expression dans la plupart des pays africains. AfricTivistes rappelle que le droit à la liberté d’expression est protégé par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et l’article 9 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples. La Déclaration de Principes sur la Liberté d’Expression en Afrique de l’Union Africaine en son point dix (10) rappelle que “ les attaques telles que le meurtre, le kidnapping, l’intimidation et la menace contre des journalistes ou d’autres personnes exerçant leur droit à la liberté d’expression sape le journalisme indépendant, la liberté d’expression et la libre de circulation des informations vers le public.” Toujours selon ce texte de l’UA, les Etats sont dans l’obligation de prendre des mesures efficaces en vue de prévenir de telles attaques, de mener des enquêtes lorsqu’elles sont perpetrées et de mener une enquête pour punir les auteurs.
Trois jours avant la découverte du corps de Martinez Zogo, la mort du journaliste d’investigation rwandais, John Williams Ntwali avait été annoncée. Il aurait perdu la vie dans un accident de moto selon la police qui n’a pas fourni de détails sur les circonstances de l’accident. Pour rappel, John Williams Ntwali était également l’un des rares journalistes à couvrir de manière indépendante des procès médiatisés d’opposants politiques, de journalistes et de commentateurs. Ce qui lui a valu d’être régulièrement menacé et attaqué dans les médias pro-gouvernementaux pour son travail d’investigation.
Cette spirale de violences contre les journalistes est plus qu’ inquiétante. La sécurité des professionnels des médias partout sur le continent africain doit être assurée pour qu’ils puissent exercer leur métier en toute liberté et toujours avec professionnalisme.
Pour le cas de Monsieur Martinez Zogo, AfricTivistes appelle les autorités camerounaises à faire au plus vite la lumière sur ce crime afin que les auteurs de cet assassinat soient vite appréhendés, poursuivis, jugés et condamnés.
Ce constat alarmant fait sur la situation de la liberté des journalistes et des médias en Afrique désole AfricTivistes qui condamne fermement ces tentatives de musèlement des voix des acteurs des médias. Ces signes témoignent un recul démocratique et un rétrécissement de l’espace civique dans les pays de la région.
AfricTivistes condamne ainsi fermement ces graves entraves à la liberté de la presse et rappelle que la liberté d’expression est un droit humain fondamental garanti par les Constitutions et par les textes fondamentaux internationaux et conventions ratifiées par les différents Etats de l’Afrique.
AfricTivistes demande aux autorités africaines de protéger tous les acteurs de la société de l’information dans l’exercice de leur métier et les exhorte singulièrement à garantir l’intégrité physique et morale des journalistes précités afin qu’ils puissent continuer d’exercer librement leur métier sans menaces.
Nous demandons à l’UA conformément à la Déclaration de principes sur la liberté d’expression de prendre au sérieux les menaces et d’agir pour plus de protection des journalistes.
AfricTivistes présente ses condoléances sincères aux familles éplorées et appelle les forces vives africaines et les organisations de la société civile du continent à travailler pour protéger le secteur des médias africains afin de consolider la démocratie en Afrique, seul gage de paix et de stabilité dans le continent.