Aboubacar Son, sociologue engagé dans la lutte pour les droits humains au Burkina Faso
Sociologue et militant acharné, Aboubacar Son s’impose comme un des acteurs clé de la défense des droits humains et de la promotion de l’égalité sociale au Burkina Faso. Chef de projet à Plan International Burkina Faso et président du conseil d’administration de Leadership Jeune pour la Paix et le Développement, il œuvre sans relâche pour donner une voix aux jeunes et aux communautés marginalisées. En tant que coordinateur de l’initiative Sahel Activistes Faso, il mobilise la jeunesse autour de causes comme la lutte contre les inégalités, la défense des droits des enfants et la prévention des conflits. Par ses actions de sensibilisation, ses campagnes de plaidoyer et ses formations, Aboubacar Son incarne une génération de leaders visionnaires dédiés à bâtir un avenir de paix et de justice dans le Sahel.
AfricTivistes: Pouvez-vous revenir sur ce qui vous a poussé à devenir un citoyen engagé au Burkina Faso ?
Monsieur Son: J’ai pris conscience des injustices, des inégalités quand j’étais étudiant en année de maîtrise en 2007 suite au cours sur le développement du tiers monde. La formation sur l’engagement citoyen Sahel Insight organisée par Africtivistes a davantage renforcé cette prise de conscience et cet engagement.
Pouvez-vous nous parler des Sahel activistes du Burkina Faso ?
Sahel Activistes Faso est une organisation des jeunes filles et garçons issus d’organisations de la société civile engagés dans la lutte contre les inégalités au Burkina en utilisant les outils numériques.
Sahel Activistes Faso a été mise en place suite à un atelier de renforcement des capacités des jeunes organisé par Africtivistes en partenariat avec OXFAM et WILDAF Afrique de l’Ouest.

Qu’est-ce-qui vous a motivé à vous engager dans la communauté des Sahel activistes du Burkina Faso ?
La formation organisée, en février 2022, par Africtivistes a été le facteur déclencheur de mon engagement dans la communauté Sahel Activistes. Cet atelier a été une introspection de soi et une analyse des causes profondes des inégalités et leur impact négatif sur la vie des humains dans une communauté.
Quel est le domaine principal de votre engagement (environnement, droits humains, accès aux services essentiels de base , sécurité, etc.) ?
Le domaine principal de mon engagement est les droits humains. Toutes les injustices, les inégalités, etc, existent parce que les droits humains ne sont pas respectés dans leur globalité.
En plus de ce domaine, il y a :
• La lutte contre la corruption
• L’accès aux services essentiels de base
• La prévention et la gestion des conflits
Comment votre parcours personnel ou professionnel a-t-il influencé votre engagement dans la promotion de l’égalité et de la justice sociale dans le Sahel ?
Le contact avec différentes communautés au Burkina, en Côte d’Ivoire et au Mali que j’ai rencontré, appuyé dans le cadre des projets que j’ai conduit, a influencé beaucoup mon engagement. Aussi la formation sur les inégalités en Afrique et particulièrement au Sahel a été d’un apport important.
Pour être efficace dans cet engagement, je me suis formé en 2024 dans les instituts sur la protection sociale dans le contexte des conflits et des handicaps et inclusion.
Quels sont les principaux défis que vous avez rencontrés dans votre rôle de chef de projet à Plan International Burkina Faso ?
Les défis sont multiples et se rapportent au manque de coordination des organisations de la société civile dans la lutte contre les inégalités, l’insuffisance de formation des acteurs et de réalisation d’études approfondies pour connaître les manifestations des injustices et des violations des droits humains.

Quelle est la mission principale de Sahel Activistes Faso et pourquoi avez-vous jugé important de participer à cette initiative en 2022 ?
Ayant pris conscience des inégalités et de leurs conséquences sur les communautés, nous nous sommes donnés pour mission principale de lutter contre ces inégalités dans le Sahel et en particulier au Burkina Faso à travers les outils numériques, des campagnes de plaidoyer auprès des décideurs, de sensibilisation des communautés et de formation de nos membres.
Les formations sur l’utilisation des outils numériques et la prévention des conflits ont-elles eu un impact mesurable dans les communautés où vous intervenez ?
Oui on peut affirmer que ces formations ont eu un impact sur nous d’abord, et ensuite les communautés. En effet, à l’issue des formations, ces outils ont servi dans la mise en œuvre de deux campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux qui ont touché des milliers de personnes au Burkina et au-delà. Les actions de Sahel Activistes Faso ont inspiré d’autres Sahel Activistes dans les sous- régions avec lesquels nous avons partagé notre expérience.

Pouvez-vous partager un exemple concret où Sahel Activistes Faso a contribué à résoudre un conflit ou à prévenir une situation de crise ?
Pour l’instant, nous n’avons pas d’exemple concret. Cependant, personnellement, j’ai été sollicité par un chef de canton d’une ville du Burkina pour aider à l’analyse d’un conflit foncier et faire des propositions de solutions fin novembre 2024.
Les campagnes contre le mariage des enfants et l’excision que les Sahels activistes du Faso ont menés, ont-elles rencontré des résistances dans certaines communautés ? Si oui, comment les avez-vous surmontées ?
Nous n’avons pas noté de résistance particulière d’une communauté sur la campagne contre le mariage des enfants et la pratique de l’excision. Cependant, cela ne signifie pas que ces pratiques ont été complètement arrêtées. Bien que la loi interdise spécifiquement l’excision au Burkina Faso, il est difficile de voir une communauté s’afficher publiquement pour contester la loi.

Quels résultats avez-vous observés en matière d’amélioration de l’accès aux services sociaux de base dans les régions où vous intervenez ?
Il serait prétentieux de dire que nous avons des résultats en quelques années. En effet des acteurs de la société nous ont devancé dans l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base. Notre action a été une contribution pour des résultats que nous observons aujourd’hui avec l’engagement du gouvernement à assurer la sécurité des populations, la réouverture des écoles fermées, l’amélioration de l’accès et de la qualité des soins au Burkina.
Quelles stratégies utilisez-vous pour impliquer les communautés locales, en particulier les leaders traditionnels et religieux, dans vos efforts de sensibilisation ?
Nous utilisons la mobilisation communautaire et l’approche participative en les aidant à identifier les problèmes et à déterminer des solutions locales.
Selon vous, quel rôle les jeunes Burkinabés peuvent-ils jouer dans la lutte contre la corruption et la promotion des droits humains ?
Les jeunes du Burkina peuvent développer une culture de dénonciation des cas de corruption, des activités d’éducation à la citoyenneté, la formation et la création des richesses propres dénudées de tout compromis.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent s’engager dans des initiatives similaires aux vôtres ?
Ils doivent apprendre à vivre selon leur moyen et accepter que la richesse ne s’obtiennent que par le travail et l’expertise que l’on développe dans notre domaine de formation.

Quels sont vos projets à long terme pour Sahel Activistes Faso ?
A long terme, le souhait est de voir Sahel Activistes Faso fort de son expérience et expertise sur les domaines d’intervention ci-dessus cités et nouer des partenariats stratégiques pour devenir une organisation qui influence les politiques et programmes du Burkina en particulier et en général au Sahel.
Quels sont vos plus grands espoirs pour le Burkina Faso dans les années à venir ?
Mon plus grand espoir pour le Burkina est le rétablissement de la sécurité dans toutes ses contrées afin que les enfants puissent retrouver les classes paisiblement, les jeunes se former pour créer des entreprises de production et de transformation des produits et les adultes contribuer au développement économique et social.
Que souhaiteriez-vous dire aux personnes qui hésitent encore à s’engager dans des causes humanitaires ou sociales ?
L’engagement dans les causes humanitaire et sociale est une mission noble pour tout être humain. Il y a de la satisfaction morale en voyant nos actions produire des effets, des changements positifs dans la vie des communautés, des jeunes, des enfants.
Par Ndeye Fatou Diouf, Digital Content Manager de AfricTivistes