AfricTivistes condamne fermement la détention arbitraire des journalistes Ferdinand Ayité et Joël Egah au Togo
Vendredi 10 décembre 2021, Ferdinand Ayité et Joël Egah, respectivement directeurs de publication de l’Alternative et de Fraternité ont été inculpés et placés sous mandat de dépôt pour outrage à l’autorité, propagation de propos mensongers, incitation à la haine et diffamation. Leur demande de liberté provisoire a été rejetée le 14 décembre 2021 par le juge d’instruction. Un troisième journaliste Isidore Kouwonou a été également entendu dans ce dossier et placé sous contrôle judiciaire.
Les trois journalistes ont été convoqués suite à des propos jugés critiques tenus lors de l’émission «L’Autre Journal» sur la chaîne youtube du bi-hebdomadaire «L’Alternative» à l’endroit de deux ministres pasteurs qui, selon eux, ont contribué à l’exemption du pass sanitaire dans certaines églises au Togo.
Ces arrestations constituent une violation grave de la liberté de la presse et une censure qui prive les citoyens de l’exercice de leur droit à la liberté d’expression et à l’accès à l’information, tel que garanti par la Constitution togolaise de 1992.
Les délits de presse ont été dépénalisés en 2004 au Togo. Même si l’article 3 du Code de la presse et de la communication adopté en 2020 dispose que les réseaux sociaux sont exclus du code de la presse, le droit à la liberté d’expression est protégé par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et l’article 9 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples, que le Togo a ratifié.
La situation au Togo est d’autant plus critique que cinq mois plus tôt le nom du journaliste Ferdinand Ayité était apparu dans la liste des personnalités togolaises ayant fait l’objet de surveillance via le logiciel espion Pegasus.
Ces détentions marquent également une triste fin d’année pour la presse togolaise après le retrait du récépissé de l’hebdomadaire « L’Indépendant Express », dont le Directeur de publication, Carlos Ketohou, a été nuitamment interpellé en janvier dernier alors qu’il avait une convocation du service central des recherches et d’investigations criminelles (SRCIC) à laquelle il devait répondre le lendemain.
Plusieurs médias et activistes des droits de l’homme ont fait l’objet de procès suite à des publications d’informations dans l’exercice de leur fonction. Le journal Fraternité a été suspendu en mars 2020 pour deux mois, à la suite d’un article dénonçant la suspension de deux autres journaux.
AfricTivistes apporte son soutien à Ferdinand Ayité, Joël Egah et Isidore Kouwonou et condamne fermement cette détention arbitraire qui est une atteinte grave à la liberté d’expression.
Nous demandons leur libération immédiate et appelons les autorités togolaises à l’abandon des poursuites enclenchées contre ces professionnels des médias.
AfricTivistes estime que la presse est un pilier fondamental de la démocratie à protéger et à préserver
Nous invitons le gouvernement togolais à traiter les journalistes avec respect et à mettre fin à toute forme de pression (censure, violence, arrestation, …) consistant à faire taire les voix critiques.
Nous invitons en définitive le gouvernement togolais à veiller au respect des droits et libertés des journalistes.