Lancement officiel de AHEAD Africa : l’engagement citoyen pour des processus électoraux transparents et intègres !
Le projet AHEAD Africa a été officiellement lancé le samedi 20 juillet à Accra, Ghana sous le thème “Faire progresser l’intégrité électorale grâce à l’engagement citoyen !”. Le lancement s’est déroulé en marge des commémorations des 20 ans du Conseil économique, social et culturel de l’Union africaine (AU-Ecosocc) en présence d’acteurs de la société civile du continent réunis dans la capitale ghanéenne .
La cérémonie a été ouverte par Frederick Adu-Gyamfi, représentant du hôte local en l’occurrence le Centre pour le développement démocratique du Ghana (CDD-Ghana). Ponctués des discours du Chef du Secrétariat de l’Ecosocc, William Carew et de Andrew Songa, conseiller régional de l’engagement avec l’UA au niveau du Partenariat européen pour la démocratie (EPD). Les orateurs se sont tous accordés sur l’importance de l’implication des citoyens pour rendre inclusives les élections en Afrique et la valorisation de leurs recommandations.
Selon M. Adu-Gyamfi du CDD-Ghana: “L’observation des élections contribue à renforcer la confiance du public dans les processus électoraux, prévenant ainsi la violence en promouvant un changement pacifique du pouvoir.”
Pour sa part, William Carew pense que les institutions étatiques et les acteurs de la société civile doivent veiller à ce que les citoyens “soient impliqués à toutes les étapes des processus électoraux.” Pour conclure la cérémonie, Andrew Songa s’est appesanti sur la façon dont les élections se succèdent sans que les recommandations électorales soient appliquées.
A l’en croire, “ la qualité des élections peut être fortement améliorée grâce au soutien d’observateurs citoyens.” D’où la prégnance d’un projet comme AHEAD Africa qui avec une approche Électorale Holistique, “ne laisse aucune partie prenante des élections en rade” plaide t-il.
La keynote d’ouverture, focus sur les élections générales de 2024 au Ghana, a été prononcée par Sheikh Amiyawo Shaibu, observateur électoral et ancien président de la Coalition d’observation électorale nationale du Ghana (Codeo). L’ancien président de Codeo, a partagé les recommandations des observateurs citoyens telles que: “la réglementation du financement des campagnes électorales. l’amélioration des transmissions des résultats et des plateformes de vérification des faits…”
M. Shaibu qui a loué le rôle essentiel des observateurs électoraux dans la promotion d’élections pacifiques sur le continent, les encourage à utiliser les systèmes de vérification des processus et des résultats pour la transparence anciennement sous le nom de comptage parallèle des votes (PRVT). Cette méthodologie sophistiquée de monitoring électoral, permet à des organisations citoyennes non partisanes d’évaluer systématiquement la qualité du processus électoral jusqu’à l’annonce des résultats officiels.
A la suite de la Keynote d’ouverture, la deuxième session de la journée, a été consacrée à la présentation des activités de deux des organisations membres du consortium: le Réseau des observateurs électoraux de l’Afrique de l’Ouest (WAEON) avec Joseph Frimpong, chargé de programmes à CDD-Ghana et Fatou Kiné Faye, responsable administration et financières à AfricTivistes. L’organisation panafricaine basée à Dakar, membre du consortium, met en avant l’innovation numérique et la technologie civique (civic tech) avec: un guichet unique en ligne, une école itinérante, une cartographie des initiatives d’observation citoyenne, un mécanisme de subvention, un hackathon…
La troisième session de la journée quant à elle était centré autour des obstacles à l’engagement des jeunes en vue des prochaines élections générales du Ghana. Le constat est qu’au Ghana, malgré le désir de participer au processus politique, les jeunes se heurtent encore à de nombreuses difficultés. La discussion s’est tenue avec Fabian Kobby, président directeur du conseil d’administration du Parlement des Jeunes Leaders (YLP) au Ghana, Melissa Hamalambo, directrice exécutive du Centre pour les jeunes leaders africains (CYLA) en Zambie et Abdou Aziz Cissé, chargé de plaidoyer à AfricTivistes.
Fabian Kobby qui a ouvert les discussions est revenu sur les difficultés qu’ont les jeunes pour percer en politique. Et la plupart des ces obstacles sont d’ordre économique. A l’en croire, les coûts financiers des campagnes électorales, empêchent non seulement les jeunes candidats de se présenter, mais limitent également leur capacité de manœuvre s’ils sont élus car ils deviennent “redevables à leurs bienfaiteurs”, se désole t-il.
Toutefois, la directrice exécutive du CYLA, nuance ce propos car selon elle les jeunes candidats indépendants peuvent réussir en étant “proches de leurs communautés.” Elle a pris l’ exemple de dix députés indépendants élus lors des élections législatives d’août 2021 en Zambie sans le soutien d’une entité ou parti politique.
Les récentes élections sénégalaises de mars, où les jeunes ont eu un impact important sur le résultat a suscité un rare enthousiasme, avec un taux de participation de près de 60 %. Abdou Aziz Cissé, militant pro-démocratie au Sénégal, a partagé durant son intervention quelques bonnes pratiques de la mobilisation au Sénégal telles que: l’utilisation responsable des technologies civiques, le développement d’ une résilience commune, le combat contre la désinformation et les fake news…
Aisha Dabo, coordinatrice des Programmes à AfricTivistes, a remercié tous ceux qui ont pris part à ce démarrage officiel tout en adressant des mots d’encouragements à l’endroit de tous les acteurs présents dans la salle. En clôturant la cérémonie, elle a rappelé les paroles de Kwamé Nkrumah sur la “libération totale” de l’Afrique. Elle a insisté que “pour parvenir à une véritable libération et à la démocratie sur l’ensemble du continent aujourd’hui, l’intégrité et la crédibilité de nos processus électoraux sont fondamentales”.
Pour rappel, AHEAD Africa est un projet panafricain co-financé par l’Union européenne et axé sur les multiples facettes du cycle électoral sur le continent. Il vise à donner à la société civile africaine, y compris aux observateurs citoyens, les moyens de renforcer les systèmes et processus électoraux, afin de contribuer à l’amélioration de l’intégrité électorale dans les États membres de l’Union africaine par la renforcement de capacités, la production de connaissances et le suivi, la collaboration et la mise en réseau et le plaidoyer.
Ce projet est mis en oeuvre par un consortium constitué de réseaux d’observation électorale et de soutien à la démocratie: AfricTivistes, Democracy Reporting International (DRI), le Partenariat européen pour la démocratie (EPD), le Réseau africain d’observation des élections (AfEONET), de soutien électoral pour l’Afrique australe (ESN-SA) ; le Réseau des observateurs électoraux de l’Est et de la Corne de l’Afrique (E-HORN), et le Réseau des observateurs électoraux ouest-africain (WAEON) ainsi que des réseaux nationaux d’organisations de la société civile sur les élections.