Rimoyal Bruce, journaliste et activiste engagé pour l’égalité sociale au Tchad
Journaliste de formation et actuellement en Master de Communication marketing d’influence et Relations presse à l’INSEEC de Bordeaux, Rimoyal Bruce est une voix engagée pour la justice sociale au Tchad. Passionné de sport et défenseur des droits sociaux, il coordonne Sahel Activistes Tchad, un mouvement de jeunes mobilisés contre les inégalités. À travers des campagnes d’envergure comme #ElectricitéPourTous, il interpelle les autorités et sensibilise la population sur les injustices. Ancien journaliste reporter d’images à Électron TV et attaché de presse au Ministère de la Culture, il est également promoteur d’un média en ligne et d’une agence de communication à N’Djamena, actuellement en pause depuis son installation en France. Déterminé à faire évoluer les mentalités, il croit en l’engagement de chaque jeune pour bâtir un Tchad plus équitable.
AfricTivistes : Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer le rôle des Sahel Activistes au Tchad ?
Rimoyal Bruce : Je me nomme Rimoyal Bruce, Coordonnateur de Sahel Activistes Tchad, un groupe de jeunes tchadiens conscients des inégalités sociales au Tchad. Notre rôle est d’éveiller la conscience de la population sur les inégalités sous toutes ses formes dans la société tchadienne et de rappeler aux autorités leurs engagements pour remédier aux inégalités sociales car pour construire une société sans inégalités, il faut la contribution de tous.

Quelles sont les principales missions et activités que vous avez eu à coordonner au sein de ce mouvement ?
Suite à la création du groupe lors de la formation Sahel Insight organisée par AfricTivistes, nous avons lancé notre première initiative sur les réseaux sociaux (ndlr: Campagne #ElectricitéPourTous).
Cette initiative a eu un impact majeur, car la capitale tchadienne bénéficie désormais de l’accès à l’électricité, un progrès qui semblait autrefois inatteignable, même pour N’Djamena seule.
Aujourd’hui, les principales villes sont alimentées en électricité par la Société Nationale d’Électricité. Toutefois, des efforts supplémentaires sont nécessaires de la part de l’État pour poursuivre cette avancée.

Le Tchad fait face à des inégalités sociales profondes depuis plusieurs décennies. Quel impact ces inégalités ont-elles sur les jeunes et les femmes dans le pays, selon vous ?
Il suffit de suivre l’actualité tchadienne pour constater la réalité. Il y a moins d’un mois, des cas de viols ont été signalés, souvent par ceux qui sont censés protéger la population. La femme tchadienne est confrontée à cette inégalité à tous les niveaux (à la maison, à l’école, au travail, etc.). Dans nos provinces, ceux qui exercent l’autorité en abusent souvent contre la population.
Comment les Sahel Activistes travaillent-ils concrètement pour réduire ces inégalités sociales ?
Nous œuvrons pour sensibiliser et mener des campagnes digitales afin de toucher à la fois les jeunes et les autorités. Grâce à la formation de AfricTivistes, nous avons appris à utiliser les textes et les engagements non respectés des autorités pour les confronter à leurs responsabilités. Cette approche a été efficace lors de notre campagne #ElectricitéPourTous.

Comment mobilisez-vous les jeunes dans votre lutte pour la justice sociale et le développement communautaire ?
Concrètement, nous essayons d’organiser des ateliers et des campagnes d’information sur nos activités et ce que nous faisons. Aujourd’hui, un jeune peut poser un acte d’injustice à son ami sans le savoir. Sahel Activistes essaye de sensibiliser les jeunes dans les établissements scolaires et sur nos réseaux sociaux sur les injustices sociales, leurs causes et les conséquences qui en découlent.
Nous collaborons avec des associations pour l’intégration de l’éducation citoyenne.
Nous créons des contenus qui sont accessibles sur les réseaux sociaux pour plus toucher les jeunes internautes tchadiens….
Quels projets ou campagnes phares ont eu un impact significatif sur les populations locales ?
Comme mentionné précédemment, l’initiative “électricité pour tous” en fait partie. De plus, deux nouveaux projets d’activités sont en préparation.
À titre personnel, comment Sahel Activistes vous a permis d’exprimer ce besoin d’apporter votre pierre à l’édifice ?
Pour être honnête, j’agissais déjà sans forcément avoir conscience que je luttais contre les inégalités sociales. La formation reçue avec l’équipe de Africtiviste m’a permis de prendre conscience de mon potentiel à aller plus loin. On peut avoir une forte détermination, mais sans les outils nécessaires, il est difficile de progresser. J’ai une vision particulière pour provoquer un changement et étant quelqu’un de très sensible, il m’est impossible de rester indifférent face à une injustice.

Quels sont vos objectifs à long terme pour la communauté des Sahel Activistes ?
À court terme, notre objectif est d’attirer davantage de jeunes pour renforcer notre impact. À long terme, nous visons à établir des partenariats avec le Ministère de l’Éducation nationale, ce qui nous permettra de sensibiliser les jeunes à la citoyenneté dans les établissements scolaires. Nous envisageons également de collaborer avec d’autres organisations.
Que conseilleriez-vous aux jeunes Tchadiens qui souhaitent s’engager dans la lutte pour l’égalité sociale et la justice ?
À toi qui me lis, l’avenir du Tchad est entre nos mains. Bien que notre pays soit marqué par des inégalités sociales ignorées par nos dirigeants, nous avons le pouvoir de changer les choses si nous agissons ensemble. Commence par promouvoir l’égalité dans ton foyer, ton quartier, à l’école… Tu rencontreras des obstacles, mais reste un modèle pour les plus jeunes. Il n’est pas nécessaire de faire partie d’une organisation pour lutter contre les inégalités ; tes actions en faveur de la justice et de l’égalité contribueront à de grands changements.
Par Ndeye Fatou Diouf, Digital Content Manager de AfricTivistes