Quand les peuples d’Afrique réclament plus que le vote… la démocratie participative !

Par Laity Ndiaye

Le 15 septembre, le monde célèbre la Journée internationale de la démocratie. Mais une question cruciale demeure : quelle démocratie célébrons-nous vraiment ? Alors que la crise de la démocratie représentative s’accentue à travers le globe, les citoyens exigent une démocratie vivante, plus délibérative, plus participative. 

La démocratie participative ne se résume pas à voter. C’est l’idée que les citoyens doivent avoir un rôle actif dans la prise de décision : proposer, contester, surveiller, influencer. Cela passe par : des manifestations pour exprimer un désaccord, des pétitions pour faire pression, des outils numériques pour contrôler l’action publique.

De Dakar au Cap, la jeunesse africaine a pris son destin en main et refuse de se limiter à glisser un bulletin dans l’urne tous les cinq ans pour ensuite se taire. Elle veut prendre la parole, peser sur les décisions publiques et co-construire le futur de la gouvernance.

En clair, la politique n’est plus l’affaire des seuls politiciens : elle devient une responsabilité collective. Depuis plus de vingt ans, la jeunesse africaine, hyper-connectée, réclame plus de transparence, de redevabilité et de participation. Les CivicTech et plateformes citoyennes transforment cette aspiration en réalité : Ushahidi au Kenya, GovChat en Afrique du Sud, Mzalendo au Kenya, Sunu2012 au Sénégal, BudgIT au Nigeria, AfricTivistes CitizenLab dans plusieurs pays…

Ces initiatives permettent aux citoyens de suivre les budgets, de surveiller les élus, de co-créer des solutions. Les mouvements citoyens en Afrique témoignent de cette volonté d’agir au-delà du vote : Y’en a marre au Sénégal, Balai Citoyen au Burkina Faso, LUCHA en RDC, FixTheCountry au Ghana…

Tous expriment une même idée qui peut se résumer en une seule phrase : le peuple ne veut plus seulement voter, il veut contrôler la gouvernance.

Plus récemment au Kenya en juin 2024, les jeunes de la Gen Z ont initié de vastes manifestations contre le Finance Bill qui augmentait les taxes sur des biens essentiels. Résultat : le gouvernement a dû céder partiellement. Au Nigeria en août de cette même 2024, les mobilisations #EndBadGovernance ont secoué le pays contre l’inflation, la hausse du carburant et la vie chère.

Ces mobilisations massives, entre autres, montrent une jeunesse qui n’hésite plus à défier le pouvoir. Mais elles se heurtent encore trop souvent à la répression et à la censure.

Malgré cet élan, les obstacles restent nombreux : manque d’accès équitable à l’internet, pourtant indispensable pour participer, absence de canaux institutionnels solides pour intégrer durablement la voix citoyenne.

L’Afrique est bel et bien à l’heure de la démocratie participative. Mais nous sommes dans une phase de transition. L’élan existe, la jeunesse est prête, les outils sont là. Reste à : garantir les droits d’expression et de manifestation, institutionnaliser les mécanismes de participation et démocratiser l’accès à l’information et au numérique. En somme faire de la démocratie un exercice citoyen inclusif et participatif.

Abdou Aziz CISSÉ

Chargé de plaidoyer, AfricTivistes